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il en est très-peu qui le refusassent. Cécile rougit et se serait bien dispensée d’entendre ces choses.

Il est très-difficile, continua madame Delvile, de trouver à s’allier convenablement : il y a des mariages qui ont de beaux côtés ; mais en est-il contre lesquels on ne trouve des objections ? La dot des demoiselles de qualité est rarement considérable, parce que les chefs ou les aînés des familles ont ordinairement besoin de toute leur fortune pour soutenir leur dignité. D’un autre côté, celles qui sont opulentes sont souvent mal élevées, impertinentes, de basse extraction. Veillées de près par leurs parents, qui craignent qu’elles ne deviènent la proie du premier avanturier, elles n’ont jamais vu le monde, et leur éducation ne les a pas éclairées. On s’est borné à quelques talents d’agrément ; les premières idées qu’on leur inculque sont celles de leur propre importance ; on leur exagère d’abord le prix des richesses ; on a soin, même dès le berceau, de leur