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ou qu’elle offense ; et c’est un travers impardonnable chez une femme, que de braver les usages reçus et les jugements du public.

Cécile, qui n’avait jamais été moins disposée qu’alors à entreprendre sa défense, répondit à peine ; et madame Delvile ajouta : Je voudrais de tout mon cœur qu’elle trouvât à se marier d’une manière convenable ; néanmoins, en suivant la façon de penser de notre siècle, elle est peut-être plus à l’abri de reproches, tant qu’elle restera fille, que lorsqu’elle sera mariée. Je crains que son père ne lui laisse trop de liberté à cet égard ; j’ai peine à imaginer ce qu’elle deviendra : elle n’a ni jugement ni principes qui puissent la diriger dans le choix qu’elle fera, et il est assez vraisemblable que le même caprice qui la décidera aujourd’hui, la fera repentir demain du parti qu’elle aura pris.

Elles gardèrent encore de nouveau le silence ; après quoi, madame Delvile s’écria gravement, quoiqu’avec énergie :