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tout ce qu’elle put résoudre, fut de déguiser son penchant jusqu’à ce qu’elle sût si elle pourrait l’avouer sans inconvénient. Madame Delvile qui s’apperçut de son trouble, parla de choses indifférentes si long-temps et avec tant d’aisance, que Cécile, reprenant ses esprits, commença à penser qu’elle s’était trompée, et que leur conversation n’aurait rien d’extraordinaire. Aussi-tôt cependant que ses craintes furent dissipées, elle se tut pendant quelque temps, et regarda Cécile d’une manière qui lui fit comprendre qu’elle était inquiète sur la façon dont elle s’y prendrait pour lui apprendre ce qu’elle desirait lui faire savoir. Cette pause fut suivie par quelques réflexions sur milady Pemberton. Elle a perdu sa mère de bonne heure ; le duc qui l’idolâtre, et qui est fort âgé, se laisse entièrement conduire par elle, aussi bien qu’une gouvernante faible qui n’a ni le courage de la contrarier, ni d’autres vues que ses propres intérêts ; elle a presque toujours été abandonnée