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dignée, pas un seul instant ! et le laissant dans le plus grand étonnement, elle se hâta de gagner son appartement. Elle se repentit cependant de sa précipitation ; on n’avait rien prouvé clairement contre lui ; l’accusation de milady Pemberton n’était pas croyable ; d’ailleurs, il n’avait pris aucun engagement avec elle, qui l’autorisât à témoigner un pareil mécontentement : mais ces réflexions venaient trop tard. Elle ne parla, pendant tout le dîné, qu’à mylord Ernolf, dont la politesse soutenue, se prévalant de sa disposition actuelle, lui sauva l’embarras d’une conversation forcée, et lui fournit les moyens de paraître telle qu’elle était ordinairement ; c’est-à-dire, ni trop taciturne, ni trop enjouée. Elle n’osa pas une seule fois envisager madame Delvile, et s’apperçut que son fils avait l’air d’être cruellement fâché. Pendant le reste de la journée, madame Delvile quitta souvent la compagnie, et fit demander, à plusieurs reprises, milady Pemberton ; elle fut encore plus