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première fois depuis l’arrivée de ces dames au château, vint prendre le thé avec elles ; il ne les quitta point, comme à son ordinaire, et parut aussi empressé à s’entretenir avec Cécile qu’il l’avait été jusqu’alors à l’éviter. Elle s’apperçut avec chagrin et avec inquiétude de ce changement ; elle craignait une conversation qui ne pouvait lui être agréable ; et autant elle avait desiré une explication lorsque le moment si long-temps attendu semblait arrivé, autant les dispositions qu’elle appercevait dans Delvile retardaient son impatience, et diminuaient sa curiosité. Elle s’affligeait d’habiter la même maison que lui, où tous ceux qui y demeuraient, depuis son père jusqu’au dernier des domestiques, s’étaient empressés, à l’envi, de lui donner des marques du cas qu’ils faisaient de lui, et n’avaient pas peu contribué à augmenter le penchant qu’elle avait pour lui, dans le temps que ses doutes se trouvaient dissipés, et qu’elle était pleinement convaincue qu’un obstacle fatal s’opposait à leur mariage. Son