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étiquette de vanité, elle risquait de se rendre malheureuse pour la vie : cependant leur mariage n’avait rien de contraire à la morale. Delvile possédait son cœur ; il y avait long-temps qu’elle était assurée du sien : elle s’était acquis, dès les premiers jours de leur connaissance, l’affection de sa mère ; et l’utilité essentielle dont un revenu tel que le sien pourrait être à la famille, se ferait bientôt sentir assez puissamment pour qu’on cessât de regretter de l’y voir unie. Cependant, se disait-elle, comment oserais-je envisager madame Delvile, après ce mariage clandestin ? Comment soutenir ses regards sévères, quand elle imaginera que j’ai engagé son fils à lui désobéir ? son fils, la seule consolation et l’unique soutien de son existence, dont les vertus font toute sa félicité, et dont la piété filiale est la seule gloire !… Et certainement elle a bien raison de se glorifier d’un tel fils. Il a su, dans les situations les plus critiques, montrer autant de courage que de noblesse : il a