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cer à mon nom, abandonner pour jamais une famille dont toutes les espérances étaient fondées sur moi… Il me semblait que l’honneur me le défendait, mon courage et mon devoir étaient révoltés d’un pareil sacrifice. Abjurer un droit né avec moi, me semblait une espèce de désertion, un abandon du poste qui m’était confié ; je m’abstins donc de solliciter, de désirer même d’acquérir votre affection, et je résolus fermement de vous fuir comme un objet funeste à mon repos, puisque je ne pouvais sans honte aspirer à votre main.

» Telle était la conduite que je venais de me prescrire, lorsque je reçus la lettre de Biddulph ; je devais quitter l’Angleterre trois jours après ; mon père avait enfin consenti à mon départ ; ma mère, qui avait pénétré les raisons qui me faisaient entreprendre ce voyage, ne s’y était jamais opposée. Mais quelle fut la révolution subite qu’opéra la lecture de cette lettre ! Mon courage m’abandonna. Je crus néanmoins qu’il se trompait ;