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seul expédient qui me reste pour n’être pas séparé de vous pour toujours. Je suis forcé de vous l’avouer, je sais, à n’en pouvoir douter, que ma famille ne donnera jamais les mains à notre mariage… Ni moi non plus, monsieur, s’écria Cécile avec beaucoup de fermeté ; je n’entrerai point dans une famille contre son gré ; je ne consentirai jamais à une alliance qui pourrait m’exposer à des insultes. Rien ne se communique plus facilement que le mépris. L’exemple de vos parents pourrait influer sur vous-même : et qui oserait m’assurer que tous n’en seriez point capable à votre tour ? Ah ! croyez-en mon honneur, s’écria-t-il : si je vous parais emporté, si je conviens de l’impétuosité de mon caractère, j’ose assurer cependant que dans aucune affaire importante je ne suis capable de légèreté ou de caprice. — Quelle sûreté, monsieur, ai-je du contraire ? Ne venez-vous pas dans ce moment de m’avouer que pas plus loin qu’hier, vous abhorriez le projet que vous me proposez aujourd’hui ?