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de la félicité qu’elle lui avait procurée ; et après avoir encore différé d’obéir à ses ordres, jusqu’au moment où il s’apperçut qu’elle était réellement irritée, il ne la quitta que lorsqu’elle lui eut pardonné et permis de la revoir le lendemain matin de bonne heure.

Cécile étant seule, regarda tout ce qui venait de se passer comme un songe. Elle ne pouvait imaginer que Delvile fût réellement à Bury ; qu’il fût venu la voir chez madame Charlton ; qu’il eût découvert ses plus secrètes pensées : tout cela avait un air si étrange et si invraisemblable, que l’excès de son étonnement lui ôtait la faculté de réfléchir : elle resta presqu’immobile à la place où il l’avait laissée, jusqu’au moment où madame Charlton la fit prier de rentrer. Celle-ci lui dit, avec un sourire très-expressif, qu’elle se flattait qu’elle avait été contente de sa promenade. Cécile lui fit des reproches de l’imprudence qu’elle avait eue de la laisser surprendre au moment où elle s’y attendait le moins. Madame Charlton pensant