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neur ? soupçonneriez-vous ma probité ? Vous me connaissez trop bien pour cela : si j’entreprenais à présent de vous faire de nouvelles protestations, elles ne serviraient qu’à redoubler les alarmes d’une délicatesse qui n’est déjà que trop effarouchée : autrement je vous dirais que je garderai le secret que je viens d’entendre, qu’il me sera plus sacré que ma vie, que les mots que vous avez prononcés sont gravés dans mon cœur, et qu’ils y demeureront constamment ensevelis ; que je conserverai éternellement pour celle qui les a prononcés, non-seulement plus d’amour, mais encore une plus profonde vénération que je n’avais auparavant. Je découvre de nouvelles vertus dans toutes vos actions ; je vois que ce que j’avais pris pour indifférence était dignité ; je m’apperçois que ce que j’imaginais être l’insensibilité la plus marquée, était noblesse, modestie et grandeur d’âme.

Ce discours appaisa un peu Cécile, et après avoir hésité un instant, elle dit avec