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le la nuit, et suis-le le jour ; sers-le avec zèle… Ne l’abandonne jamais… Oh, que sa santé n’est-elle aussi constante que sa fierté ! C’est le seul côté faible, le seul vulnérable…

À peine achevait-elle ces derniers mots, que Fidèle aboya de toutes ses forces, et la quitta en courant. Ayant jeté les yeux du côté de la porte pour voir ce qui avait pu l’épouvanter, elle apperçut Delvile lui-même, debout et comme immobile. Son étonnement à cet aspect fut extrême ; il lui parut surnaturel : elle crut plutôt voir son ombre que sa personne ; elle avait peine à se persuader que l’objet qu’elle voyait existât réellement. Delvile fut à son tour quelque temps sans pouvoir rompre le silence. Tourmenté par le chien, qui par ses sauts lui témoignait la joie qu’il avait de le revoir, il fut obligé de faire attention à lui, et ne put s’empêcher de lui rendre ses caresses ; Oui, mon pauvre Fidèle, lui dit-il absorbé en lui-même, tu as droit