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pour elle, mais encore pour le monde entier. Ses réflexions devinrent si tristes, que pour se dérober aux observations de madame Charlton, elle se réfugia un soir dans un des cabinets du jardin, où elle ne voulut d’autre compagnie que Fidèle.

Sa douleur et sa tendresse furent un peu soulagées par la liberté de lui exprimer ses regrets sur l’absence de son maître, son exil volontaire, et le mauvais état de sa santé : elle l’invitait à partager sa douleur, et se plaignait de ce qu’elle allait bientôt être privée de cette consolation en le perdant : elle n’aurait plus que son cœur qui conservât le souvenir de Mortimer. Elle s’écria enfin d’un ton romanesque : Va, cher Fidèle, va rejoindre ton maître, et ôte-moi par ton départ tout ce qui me restait de lui ; prie-le de ma part, de ne pas t’aimer moins pour avoir appartenu quelque temps à Cécile : que jamais son cœur superbe ne puisse connaître, ni se glorifier de tout l’attachement qu’à sa considération elle a eu pour toi ! Va, cher Fidèle, garde-