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suadait qu’elle pleurait réellement sa triste fin ; et cependant, si sa mort n’eût occasionné aucun changement dans sa manière de vivre, à peine se la serait-elle rappelée.

Elle revit Cécile avec beaucoup de plaisir, et lui entendit renouveller avec encore plus de satisfaction la promesse de lui faire préparer un appartement dans sa maison aussi-tôt qu’elle aurait atteint sa majorité, pour laquelle elle n’avait plus qu’un mois à attendre. La joie que sa présence inspira à M. Arnott fut bien plus vive et plus pure : il lui fut impossible de ne pas s’en appercevoir, et de ne pas ressentir une espèce de regret, non-seulement de la passion constante qui l’occasionnait, mais encore de l’impossibilité où elle se trouvait d’y répondre. Son mariage avec lui aurait été exempt de toute contrariété ; il était d’un caractère doux, d’une naissance égale à la sienne ; il l’aimait tendrement, et elle était convaincue que la fierté ou la vanité n’auraient jamais été capables de