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qu’elle se fût attiré l’inimitié de son épouse.

La seconde visite qu’elle rendit fut à madame Harrel : elle la trouva en proie à l’horreur d’une oisive solitude ; dénuée de tout ce qui jusqu’alors avait pu lui faire aimer son existence. Son esprit était aussi abattu que sa personne était indolente ; elle n’avait plus ni partie à former, ni fête à ordonner, ni assemblée à arranger, ni ajustement à examiner. Ces objets, joints aux visites et aux spectacles, avaient pendant son mariage occupé tout son temps ; et comme elle s’était mariée très-jeune, ils avaient remplacé les jeux de l’enfance, les maîtres et la gouvernante.

Cette désœuvrance absolue, quoique l’effet d’un esprit dénué de toute ressource, était décorée par elle du titre de mélancolie, et passait pour telle aux yeux du public. Peu accoutumée à analyser les sentiments, ou à sonder les replis du cœur, la pitié qu’inspirait en général la perte de son mari, lui per-