Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 4 an III.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

générosité était cependant un peu modérée par la vigilance de ses petites filles, qui, craignant les conséquences qui en pourraient résulter à leur préjudice, avaient soin de lui en démontrer l’inconvénient et le danger. Ces jeunes personnes étaient les filles d’un fils unique que madame Charlton avait perdu ; elles n’étaient point mariées, et vivaient avec leur grand-mère, dont la fortune assez considérable devait être un jour leur partage ; elles l’attendaient avec impatience : avides et intéressées, elles desiraient réunir tout ce qu’elle possédait ; ses dons, même les plus modiques, leur déplaisaient, comme diminuant leur portion. Leur occupation principale était d’éloigner de leur grand-mère tous les objets de pitié. Miss Beverley était, de toutes ses connaissances, celle dont elles craignaient le moins l’intimité ; sa fortune était trop considérable pour lui supposer des vues intéressées, et elles éprouvaient elles-mêmes plus d’honnête-