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avait vus, lorsque son cœur était tout entier à l’amitié.

Madame Charlton, malgré son âge avancé et les infirmités qui en sont la suite, conservait encore tout son bon sens : lorsqu’elle se conduisait par elle-même, on était sûr qu’elle agissait prudemment ; mais souvent son trop de bonté faisait tort à sa raison ; elle n’écoutait plus que sa pitié, et la fraude ou l’artifice lui arrachaient des secours qu’elle croyait donner à la nécessité et aux besoins réels. Si on lui demandait, son sentiment ou des conseils, ceux qu’elle donnait étaient toujours prudents, et de nature à faire honneur à son discernement : lorsqu’on implorait ses secours, sa bourse était toujours prête à s’ouvrir, et ses larmes à couler : mais son zèle, son empressement à soulager lui faisaient souvent négliger de s’informer si l’objet qui avait recours à elle était digne de ses bontés, et elle ne se donnait pas le temps de réfléchir si sa fortune était proportionnée à son penchant et à sa libéralité. Cette