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mon amour, mon estime, mes vœux les plus sincères, et, dois-je vous le dire ! oui, généreuse fille, ma plus vive reconnaissance ! Elle prononça à peine ce dernier mot, l’embrassa encore, et se hâta de la quitter.

Cécile, surprise, satisfaite, mais extrêmement émue, fut assez long-temps sans avoir la force de se mettre au lit. Elle voyait dans toute la conduite de madame Delvile, des preuves de la plus parfaite estime, qui la portait à favoriser le mariage même qu’elle se croyait obligée de traverser ; elle voyait aussi que c’était avec la plus grande difficulté qu’elle conservait la fermeté nécessaire pour persister dans son opposition. Cécile était sur-tout frappée qu’elle eût employé d’une manière si expressive le mot de reconnaissance. De quoi serait-elle reconnaissante, disait-elle ? qu’ai-je fait, ou que pouvais-je faire ? Elle se trompe beaucoup, si elle suppose que son fils se soit conduit par mes conseils ; mon crédit sur son esprit est bien faible ; et me fût-il tout-à-fait