Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 4 an III.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sible de l’arrêter, ne se trouvant pas assez de force pour soutenir de seconds adieux, ni les plaisanteries de milady, eut recours à la fuite ; et prenant un parasol, elle gagna le parc, où pour dérouter ceux qui pourraient avoir l’envie de la suivre, elle dirigea ses pas vers un bois touffu et peu fréquenté : et elle ne s’arrêta que lorsqu’elle se trouva à plus de deux milles du château. N’ayant plus alors sa dignité à soutenir, ni des regards à éviter, elle donna un libre cours à ses larmes.

Elle avait rencontré le seul homme auquel elle eût voulu unir son sort, celui dont la façon de penser, si semblable à la sienne, lui promettait les jours les plus heureux. Son penchant s’était involontairement décidé pour cet objet ; il avait été secondé par l’estime ; elle n’avait rien trouvé qui pût lui faire soupçonner que ce choix eût des inconvénients, ou qu’il pût être blâmé : elle s’était assurée de la réciprocité des sentiments qu’elle éprouvait. Il est vrai que sa naissance était un peu inférieure ; elle n’avait cependant