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vous laissant avec ma mère, que peut-il lui rester à desirer ? Non, elle connaît tout votre mérite ; elle vous adore presque autant que je vous adore moi-même. Vous êtes actuellement sous sa protection ; vous paraissez formées l’une pour l’autre : que ce ne soit donc pas moi qui la prive d’un si précieux dépôt… Oh ! pourquoi faut-il que celui qui voit et connaît si bien toutes les perfections de l’une et de l’autre, soit arraché avec tant de violence à des objets qu’il révère ; tandis qu’il donnerait une moitié de sa vie pour qu’il lui fût permis de passer l’autre dans une société qui lui est si précieuse !

Eh bien, monsieur, dit Cécile, qui sentit son courage s’affaiblir, si vous ne voulez pas vous désister de votre projet, que je ne vous arrête pas plus long-temps. Ne me souhaiterez-vous pas un bon voyage ? — Oui… je vous le souhaite de tout mon cœur. — Et daignerez-vous me pardonner les erreurs involontaires qui vous ont offensée ? — Je n’y pense-