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propos me dites-vous tout cela ? Hélas ! je n’en sais rien, répondit-il avec un profond soupir, et d’un air entièrement déconcerté ; puis il ajouta, en balbutiant : Je vous ai raconté mon histoire ; votre discernement vous en indiquera, sans doute, mieux le but ; peut-être votre bonté et votre indulgence vous feront trouver quelqu’excuse qui me sera favorable.

Trop convaincu, depuis ce fatal accident, que toute feinte était vaine, et certain par votre mécontentement de l’inconséquence dont je m’étais rendu coupable, je résolus, ne pouvant vous offrir d’autre satisfaction, de vous ouvrir mon cœur, et de m’éloigner ensuite peut-être pour toujours. Je me suis gardé de vous parler de mes souffrances ; je ne l’ai pas osé. Oh ! si je vous peignais les combats pénibles d’un cœur en contradiction avec lui-même !…. Le devoir et la raison luttant contre l’amour, le bonheur et l’inclination…. Vainqueurs et vaincus