Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 4 an III.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

désordre de mes sens ne découvrit que trop l’erreur que j’avais nourrie…. Cécile alors, se levant à moitié, et se rasseyant ensuite, parut pressée de s’en aller. Pardonnez, mademoiselle, s’écria-t-il, j’aurai bientôt fini. Je vous ai retracé mes sentiments et mes peines ; je vais me hâter, autant pour moi que pour vous, de vous exposer les raisons qui m’ont porté à rompre le silence. Dès le moment que ma malheureuse passion m’a été connue, j’ai pesé et senti le danger qu’il y aurait à m’y abandonner, et j’ai trouvé qu’outre l’incertitude du succès, il y aurait même de l’inconvénient à vouloir le tenter. Mon honneur est attaché à celui de ma famille. Ce qui, pour un autre, serait un faible obstacle, deviendrait chez moi un crime impardonnable ; et cependant tant de motifs réunis en faveur d’un objet contre lequel on ne peut former qu’une seule objection !….. Tandis que la vertu, la beauté, l’éducation, la naissance, sont sans reproche….. Ô trop fatale condition ! qui me défend d’aspirer