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dame Delvile. Cécile n’eut plus de loisir ; car milady lui laissait à peine un moment ; elle aurait voulu l’avoir toujours à ses côtés, exigeait qu’elle se promenât, se reposât, travaillât et chantât avec elle. Tout ce qu’elle faisait, elle invitait Cécile à le faire aussi ; elle l’accompagnait par-tout où elle allait ; et madame Delvile qui l’aimait, quoiqu’elle souffrît impatiemment ses défauts, était charmée de cette intimité, qu’elle encourageait, dans l’espérance qu’elle ne pourrait qu’être utile à sa parente.

Milady n’avait cependant pas conçu beaucoup d’affection pour Cécile : au contraire, si on lui avait dit qu’elle ne la reverrait plus, elle l’aurait entendu avec le même sang-froid que si elle avait appris qu’elle la rencontrerait tous les jours : elle n’avait pas d’autre raison pour s’attacher à Cécile que celle de n’avoir rien de mieux à faire ; elle n’avait d’autre goût pour sa société, que celui qui résultait de son aversion pour la solitude.

Milady avait été élevée comme le sont