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raisons de mal penser de moi et de nous tous ! J’ai fait tout ce que j’ai pu pour détromper ma mère, ou du moins pour qu’elle se tînt tranquille ; mais elle était si persuadée qu’elle avait raison, qu’elle n’a jamais voulu m’écouter. Elle me demandait si je supposais que ce fût pour mes beaux yeux que vous aviez la complaisance de venir nous voir si souvent. Oui, répondit Cécile, très-certainement ; si je ne vous avais pas connue, quel que fût l’intérêt que j’eûsse pris à votre frère, je ne serais sûrement pas venue chez lui. Il est cependant heureux que cette erreur ne se soit pas étendue plus loin.

Non, en vérité, mademoiselle, je n’ai jamais eu une pareille idée ; et quant à mon frère, lorsque ma mère a voulu la lui insinuer, il s’est fâché tout de bon. Quoique je me garde bien d’entreprendre de justifier ce qui s’est passé, j’espère que vous ne vous fâcherez pas si j’ose vous dire que ma mère est dans le fond, bien plus pardonnable qu’elle ne paraît l’être ;