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souffert qu’un de mes semblables, implorant ma pitié, terminât sa vie par une action encore plus atroce que toutes celles qui l’avaient précédée ? Non, je ne saurais me repentir de ce que j’ai fait ; tout ce que je regrète, c’est que M. Harrel mérite si peu un pareil sacrifice.

Vos excuses, dit M. Monckton, ainsi que tout ce que j’ai vu de votre part, ne prouvent que trop votre humanité et votre bonté : mais on en a abusé, on vous a trompée. M. Harrel n’avait aucune envie de se tuer. Ce n’était qu’une infâme ruse, à laquelle, si votre générosité ne lui avait été parfaitement connue, il n’aurait certainement pas eu recours. Je ne saurais penser de lui aussi désavantageusement, dit Cécile, et pour tout au monde, je ne voudrais pas, sur un pareil soupçon, m’être exposée aux remords dont je serais tourmentée, si, sur mon refus, il eût attenté à sa vie. Une pareille épreuve eût été trop dangereuse pour ma propre tranquillité. On ne peut s’empêcher de respecter vos scrupules, re-