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s’embarrasser si elle s’en repentait ou non : elle s’obligea donc encore de rembourser, dix jours après sa majorité, le principal et les intérêts de cette nouvelle somme.

La douce satisfaction attachée aux bienfaits ne fut point la récompense de cette générosité, et ne répara point chez Cécile la brêche qu’elle venait de faire à sa fortune ; le chagrin et l’inquiétude, et le regret et le ressentiment accompagnèrent ce présent, et s’emparèrent de son esprit ; elle était persuadée que M. Monckton, ignorant les persécutions auxquelles elle avait été exposée, la blâmerait ; qu’il n’aurait aucune indulgence pour les menaces qu’on avait employées, ou pour les sollicitations auxquelles elle n’avait pu résister.

L’inquiétude de Cécile augmentait par la réflexion ; car, lorsque les droits des créanciers de M. Harrel, ainsi que les torts qu’ils avaient soufferts, vinrent se présenter à son esprit, elle se demanda à elle-même, à quel titre ou de quel droit elle l’avait si libéralement mis en