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l’être à présent. Mon sort n’est point encore décidé, et le besoin que je pourrai avoir de ma fortune m’est encore inconnu ; cependant, soit que je la possède tranquillement ou avec inquiétude, soit qu’elle fasse ma félicité, ou me soit à charge, aussi long-temps qu’il me sera permis d’en disposer, je me rappelerai toujours avec plaisir les droits qu’une ancienne amitié donne à madame Harrel sur mes biens et sur moi-même. Permettez que j’ajoute que je ne me crois point tout-à-fait aussi indépendante que vous vous l’imaginez. Il est vrai que je n’ai aucun parent à qui je sois dans le cas de rendre compte de ma conduite ; mais la vénération que j’ai pour la mémoire des miens supplée à ce défaut d’autorité ; et je ne saurais, dans la disposition des biens qu’ils m’ont transmis, m’empêcher de réfléchir quelque fois à la manière dont ils auraient desiré qu’ils eussent été employés ; je n’oublie jamais que ceux qui ont été acquis par l’industrie et le travail, ne doivent point être dissipés par l’oisiveté