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servé : mais il faut enfin y venir ; la nécessité n’a point de loi. Cécile commença à être un peu inquiète ; elle fixa madame Harrel, qui paraissait l’être beaucoup ; et elle dit au mari, après avoir un peu hésité : est-ce réellement la première fois que vous avez recours à lui ? Je ne me suis jamais adressé de ma vie qu’au vieux Aaron : je redoute toute cette race ; j’ai une sorte de pressentiment qui tient de la superstition, et que je ne saurais vaincre, qui me porte à croire que si je me trouve une fois entre leurs griffes, il ne me sera plus possible de m’en affranchir ; et c’est ce qui m’a engagé à recourir à vous, quoique dans le fond cela soit assez indifférent.

Cécile était très-embarrassée ; elle se trouvait, d’un côté, entraînée par son penchant naturel à faire du bien, et retenue de l’autre par la crainte d’encourager le mal : mais son amitié pour madame Harrel la décida. Elle aima mieux retarder ses propres affaires, que de le voir recourir à des moyens ruineux.