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considérée quelque temps avec la plus vive indignation, il lui dit : moi l’intercéder ! moi devenir votre agent ! Cécile, étonnée de le voir si fort en colère, lui demanda très-sérieusement excuse d’avoir osé lui adresser une pareille prière. Lui, de son côté, loin d’y faire attention, se promenait en long et en large dans l’appartement, en s’écriant : moi agent ! et auprès de M. Briggs… C’est un affront auquel je n’aurais jamais dû m’attendre. Pourquoi me suis-je dégradé jusqu’à accepter cette humiliante tutèle ? J’aurais dû mieux savoir ce que je faisais ! Ensuite se tournant vers Cécile : mon enfant, ajouta-t-il, pour qui me prenez-vous ? et qu’exigez-vous de moi ?

Cécile, quoiqu’offensée à son tour, recommença à l’assurer qu’elle avait pour lui le plus grand respect ; mais, l’interrompant avec hauteur, il lui dit : si vous jugiez de ma personne, ou du rang que j’occupe dans le monde, par M. Briggs ou M. Harrel, il ne serait point extraordinaire que je fusse tous les jours