Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quoi ! s’écria-t-il en fureur, les livrer à un faquin de libraire ! les échanger pour des chiffons ! non, non, je ne le souffrirai pas : il n’en sera rien. Écoutez : si vous avez besoin de quelques livres, promenez-vous le long des quais, aux Moorfields, vous en trouverez assez chez le premier marchand de vieux livres, qui vous les laissera à deux sous pièce, et ce sera encore assez cher.

Cécile crut pendant quelque temps qu’il ne cherchait simplement qu’à satisfaire son penchant singulier et porté à l’avarice, en feignant de l’éprouver ; mais elle reconnut bientôt qu’elle se trompait : il lui fut impossible de vaincre son obstination qui était aussi forte que son avarice : les raisons ne produisirent pas plus d’effet que les explications et les détails dans lesquels elle entra ; il se contenta de lui refuser sa demande, en lui disant décidément qu’elle ne savait ce qu’elle prétendait, et que, par conséquent, elle n’aurait point ce qu’elle voulait. Malgré tout ce qu’elle put alléguer, elle fut obligée de sortir de chez lui avec cette réponse.