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est impossible, monsieur ; car il y a déjà du temps que je les ai, et je ne saurais exiger que le libraire les reprène. Il le faut, il le faut, il le faut, s’écria-t-il ; il ne saurait les refuser ; bien aise encore de les avoir. Vous êtes encore mineure, il ne saurait en faire payer un denier. Cécile lui dit qu’elle ne suivrait jamais un pareil avis. Mais elle vit bientôt qu’il lui serait impossible d’en rien obtenir ; il persista à lui répondre brusquement que son oncle lui avait laissé une belle fortune, et qu’il aurait soin qu’elle passât en mains sûres, en lui procurant un mari sage et économe.

Je n’ai nulle intention, monsieur, répliqua-t-elle, de diminuer ni d’anticiper sur les revenus que mon oncle m’a laissés ; au contraire, ils me sont sacrés, et je me crois obligée de n’en employer jamais au-delà : mais quant aux dix mille livres du bien de mon père, je les regarde comme m’appartenant plus particulièrement, et je me crois par conséquent la maîtresse d’en disposer à ma volonté.