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s’étendit fort au long sur le chagrin qu’elle avait ressenti du changement qui s’était fait dans les mœurs et dans la conduite de sa jeune amie. Si j’avais, ajouta-t-elle, rencontré en elle la compagne que je m’étais flattée de retrouver ; celle dont je venais récemment de me séparer, et dont j’espérais que la société m’aiderait à me consoler de votre perte et de celle de madame Charlton, je me serais bien gardée de me plaindre ; les lieux qui m’ennuient actuellement, m’auraient été peut-être agréables ; et tout ce qui me paraît ici une dissipation frivole, aurait vraisemblablement pris une apparence de variété et de plaisir. Mais quand le cœur est sans intérêt, tout languit et devient insipide. Accoutumée, comme je le suis depuis long-temps, à penser que l’amitié est le premier des biens de cette vie, et une société douce et cordiale, la plus grande satisfaction qu’on puisse trouver, je ne saurais supporter un état d’indifférence et d’apathie, ni m’accoutumer à former des liaisons, sans m’embarrasser de les conserver, ou sans qu’elles