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Madame Delvile était assise sur un sopha ; elle se leva à son approche. Dès que Cécile l’eut envisagée, toutes les impressions défavorables avec lesquelles elle était entrée dans son appartement, s’évanouirent. Cette dame avait près de cinquante ans ; et son teint, quoiqu’un peu pâle, conservait encore de sa fraîcheur. Ses yeux singulièrement beaux, donnaient une expression douce et spirituelle à sa physionomie, et la régularité de ses traits que les années avaient respectés, annonçait non-seulement ce qu’elle avait été, mais inspirait encore l’admiration. Sa taille était majestueuse, son port noble, son abord imposant ; mais cet air de dignité, de supériorité même, auquel sa haute naissance et son mérite personnel lui donnaient droit de prétendre, était si heureusement tempéré par son bon sens et sa politesse éclairée, que malgré les préventions du public, elle était toujours sûre de captiver l’estime et l’amitié de ceux auxquels elle témoignait quelque prédilection.