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nouvel arrangement. Elle attendit pour cela le dîner, et profita de ce moment où toute la famille était rassemblée. La surprise que causa cette résolution fut générale. Le chevalier parut ne savoir trop qu’inférer d’un pareil arrangement ; M. Arnott était en partie comblé de plaisir, et en partie tourmenté par ses soupçons. Madame Harrel n’était qu’étonnée, et n’éprouvait aucune autre sensation : son mari paraissait évidemment le plus affecté. Il fit tous ses efforts pour l’engager à abandonner ce projet, et à venir avec eux. Elle se contenta de lui répondre gravement qu’elle avait donné sa parole à madame Delvile d’être chez elle le lendemain matin.

Lorsqu’on vit qu’elle était très-décidée à les quitter, la surprise fit place à la mauvaise humeur. Le chevalier avait l’air d’un homme qui se croit joué ; M. Arnott était en proie à mille doutes ; madame Harrel paraissait toujours la moins affectée, tandis que son mari avait peine à cacher sa colère et son ressentiment.