Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de deux syllabes. Les demoiselles qu’on nomme du bon ton, dont la ville est actuellement infectée, sont divisées en deux classes, qui sont celles qui affectent la gravité, et celles qui se piquent de volubilité. Les premières, du nombre desquelles est Mademoiselle Leeson, sont silencieuses, méprisantes, froides, affectées, et se font un devoir de ne converser qu’avec leurs semblables. Les autres, telles que Mademoiselle Larolles, sont étourdies, communicatives, turbulentes, et entrent sur-le-champ en conversation avec le premier venu, pour peu qu’il attire leur attention. Voici cependant ce que ces deux classes ont de commun : l’une et l’autre ne pensent, quand elles sont au logis, qu’à leur parure ; dans le monde, qu’à être admirées ; et par-tout elles ont le plus grand mépris pour tout ce qui n’est pas elles. Probablement, dit Cécile, j’ai passé ce soir pour être de la classe de celles qui se piquent de volubilité. Il est vrai que l’avantage a été tout entier du côté de celles qui affectent le sérieux ; car j’ai