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satisfait de l’avoir si long-temps considérée, s’approcha de M. Harrel, le prit par le bras, et ils sortirent ensemble.

M. Gosport vint alors aborder Cécile, (c’était un homme d’esprit, un peu satyrique, bon observateur, et qui parlait avec facilité) ; il lui dit, de manière à n’être pas entendu de mademoiselle Leeson : il y a déjà quelque temps que je désirais de vous aborder ; mais la crainte que j’avais que vous ne fussiez déjà trop étourdie du babil de votre belle voisine, m’a empêché d’entrer en conversation. Vous voulez, repartit Cécile, vous moquer de ma démangeaison de parler, et vous avez raison ; car je conviens que le peu de succès de mes tentatives les rend assez ridicules. Ne savez-vous donc pas encore, ajouta-t-il, qu’il existe de certaines jeunes demoiselles qui se sont prescrit la loi de ne jamais parler qu’à leurs intimes amies ? Mademoiselle Leeson est de ce nombre ; et jusqu’à ce que vous soyez initiée dans sa coterie, vous ne sauriez espérer de lui entendre prononcer un seul mot composé de plus