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dont le caractère noble et généreux ne respirait que la bienveillance et le goût sincère de toutes les vertus, fut cruellement mortifiée de cette métamorphose. Elle eut cependant assez de raison pour s’abstenir de lui en faire des reproches, convaincue que l’unique effet qu’ils puissent produire sur un cœur insensible, c’est de changer l’indifférence en aversion.

Dans le fond, celui de madame Harrel était honnête, quoique sa vie fût très-dissipée. Mariée fort jeune, elle avait passé tout d’un coup de la tranquillité d’une petite ville de province au tumulte de la capitale, et s’était trouvée maîtresse d’une des maisons les plus élégantes de la place de Portman, jouissant d’une fortune considérable, et femme d’un homme dont la conduite lui prouva bientôt le peu de cas qu’il faisait du bonheur domestique. Engagée dans un cercle continuel de sociétés et d’amusements, son esprit qui n’était pas des plus solides, se laissa bientôt éblouir par l’éclat de sa situation ; elle adopta facilement les maximes géné-