Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je l’aurais tout de suite reconnue. Je me rappèle bien, dit Cécile, que lorsque vous quittâtes la province, je crus avoir perdu l’un de mes meilleurs amis. Cela serait-il possible ? reprit M. Arnott, de l’air du monde le plus satisfait. Pouvez-vous en douter, et n’avais-je pas raison ? N’étiez-vous pas toujours mon défenseur, mon camarade d’amusements, mon appui dans toutes les occasions ?

Madame, s’écria d’un ton railleur un homme entre deux âges, qui les écoutait, si vous l’aimiez parce qu’il était votre défenseur, votre camarade et votre soutien, je vous prie de m’aimer aussi : je vous promets de vous en servir. Vous êtes trop bon, répondit Cécile ; actuellement, je n’ai plus besoin de défenseur. C’est dommage, car M. Arnott me paraît très-disposé à s’acquitter encore de cet emploi : il n’aurait besoin que de rétrograder de quelques années pour revenir à celles de l’enfance. Ah, plût au ciel ! dit M. Arnott : ces jours ont été les plus fortunés de ma vie.