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m’arriva l’année passée. Savez-vous que je vins à Londres le 20 de Mars ? Cela n’était-il pas désespérant ? Cela peut être, répartit Cécile ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que je ne saurais dire pourquoi.

Vous ne sauriez dire pourquoi ? répéta Mademoiselle Larolles. Comment, ne savez-vous pas que ce jour-là fut celui du grand bal masqué de mylord Dariens ? Je n’aurais pas voulu le manquer pour toute chose au monde. Je n’ai jamais eu autant d’impatience que dans ce malheureux voyage. Nous n’arrivâmes à Londres qu’excessivement tard, et vous saurez qu’alors je n’avais ni billet, ni habit. Concevez quel devait être mon embarras. Eh bien, j’envoyai chez toutes mes connaissances pour tâcher de me procurer un billet ; toutes répondirent qu’il était impossible d’en avoir. Je crus que je deviendrais folle. Environ dix à onze heures, une jeune demoiselle, mon intime amie, par le plus grand bonheur du monde, se trouva tout-à-coup assez mal ; de sorte que ne pouvant faire usage du