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de sa figure, ce que l’on savait de son état et de sa fortune, tout prévenait en sa faveur, et lui attira les regards de l’assemblée. Les hommes louèrent tout bas sa beauté naïve, les femmes lui pardonnèrent d’être belle, à cause de sa modestie et de son air un peu provincial.

Quoiqu’elle vît la capitale pour la première fois, notre héroïne n’en ignorait pourtant pas entièrement les usages ; elle avait passé sa vie dans la retraite et non dans la solitude ; et depuis plusieurs années elle était chargée de faire les honneurs de la maison de son oncle, qui recevait les personnes les plus distinguées de la province. On y parlait souvent de Londres, et de ce qui s’y passait d’intéressant ; et c’était dans cette compagnie que Cécile avait acquis des idées sur le monde et la société, et perdu un peu de cette extrême timidité qui est le partage des jeunes personnes élevées à la campagne.

En conséquence, elle regardait tour-à-tour les deux jeunes demoiselles entre