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occupées les unes au jeu, les autres à la conversation.

Cécile qui, d’après le mot d’amis, s’attendait à voir une compagnie choisie et peu nombreuse, rassemblée uniquement pour jouir des douceurs d’un entretien familier, recula involontairement à la vue de tout ce monde, et eut à peine la force d’entrer. Cependant, Madame Harrel la prenant par la main, la présenta à l’assemblée, dont elle lui nomma tous les individus (formalité qui lui parut inutile, tous ces noms lui étant aussi étrangers que les personnes, et qui ne fit qu’accroître son embarras). Mais son bon sens, et une dignité qui lui était naturelle, lui ayant appris de bonne heure à distinguer la modestie de la fausse honte, elle se remit bientôt ; et après avoir prié Madame Harrel de demander excuse à la compagnie sur son négligé, elle s’assit entre deux jeunes demoiselles.

L’habit de voyage que portait Cécile, quoique fort simple, lui seyait à merveille : son air noble et décent, les grâces