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et entra au service : mais, passionné pour les beaux arts, et empressé d’acquérir de nouvelles connaissances, il ne tarda pas à s’appercevoir que ce métier n’était guère plus de son goût que celui auquel il s’était refusé. Il s’en dégoûta bientôt, se raccommoda avec son père, et s’adonna à l’étude des lois. Trop léger pour une application sérieuse, et trop dissipé pour une occupation pénible, il fit très-peu de progrès dans cette carrière. Et cette même pénétration, ainsi que cette force d’imagination, qui, si elles avaient été accompagnées de prudence, auraient pu l’élever à la première dignité de sa profession, étant malheureusement associées avec un grand fond d’inconstance et de caprice, ne servirent qu’à retarder sa marche, et à s’opposer à son avancement. Peu occupé, et n’ambitionnant pas de l’être davantage, sa fortune, très-médiocre, diminuant tous les jours, il ne lui resta que la stérile admiration des gens à la mode, laquelle se bornant à de simples politesses, ne lui laissa qu’une existence très-incertaine.