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il savait trop ce qu’il se devait à lui-même, pour manquer aux lois que la décence et la politesse imposent en pareil cas aux honnêtes gens. Ayant ainsi sacrifié à son ambition tout espoir de bonheur dans sa vie privée, il tourna ses vues du côté où il espérait trouver les plaisirs qu’il avait acheté si cher la faculté de se procurer. Cette ressource, pour les personnes opulentes, ne saurait leur être ravie, et il n’y a que la satiété qui puisse les en priver. M. Monckton n’avait point encore éprouvé ce sentiment, et il avait prudemment partagé son temps entre les amusements dispendieux de la capitale, et les plaisirs les plus bruyants de la province.

Le peu de connaissance que Cécile avait acquis des usages du monde et des différents caractères de ceux qui le composent, elle ne le devait qu’aux observations qu’elle avait eu occasion de faire chez ce gentilhomme, avec lequel le doyen son oncle avait été particulièrement lié. Il était très-considéré ; sa conversation était pour elle une source inépuisable d’instruc-