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la représentation ; néanmoins l’air familier avec lequel le chevalier la regardait, le troublait et l’embarrassait. Il désirait d’éclaircir ses doutes, en découvrant quelles pouvaient être ses vues ; et l’ayant à cet effet tiré à l’écart avant que le ballet fût tout-à-fait fini : eh bien ! lui dit-il, avouez qu’il n’y a pas ici une femme aussi belle que la pupille d’Harrel. Je l’avoue, répondit-il froidement, elle est belle ; mais je n’aime point du tout sa manière d’être. Et pourquoi ? Qu’est-ce qui lui manque ? Elle est fière, extrêmement fière ! cette espèce de femme ne pourra jamais me plaire. Si on lui dit une honnêteté, bien loin d’y répondre, on croirait qu’elle en est offensée. Vous avez donc essayé ! Cela serait-il possible ? car en général vous êtes peu dans l’usage de dire des honnêtetés aux femmes. Mais, oui, ne vous rappelez-vous pas que je lui dis une fois quelque chose d’approchant au sujet de Juliette, à la répétition ? n’y étiez-vous pas présent ? comment donc, ce fut-là tout ? et imaginiez-vous qu’un simple compliment eût