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nement qui ôtait à leurs voisins tout le plaisir de la représentation : on aurait eu peine à décider s’ils s’appercevaient eux-mêmes des effets de leur gaieté ; ce qu’il y a de sûr, c’est qu’ils s’en embarrassaient fort peu.

La ressource à laquelle Cécile avait eu recours pendant le premier acte, en cherchant à s’amuser de la conversation qui la privait du plaisir de l’entendre, lui était même alors ravie ; car ces messieurs, tout aussi impolis que l’avaient été les jeunes demoiselles, et ne faisant pas plus d’attention qu’elles aux personnes qu’ils incommodaient, étaient beaucoup plus prudents dans le choix de celles qu’ils instruisaient : leur langage obscur et équivoque, et les termes dont ils se servaient, étaient absolument inintelligibles pour Cécile. Il est vrai que les sujets qu’ils traitaient exigeaient cette discrétion : il ne s’agissait que de calculs plaisants, relatifs à l’âge et à la durée du veuvage des riches douairières, ainsi que des facultés et des espérances futures des jeunes demoiselles