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Les dames cependant, accompagnées par M. Arnott, en firent l’essai, et s’assurèrent bientôt qu’on avait exagéré les obstacles. Il est vrai qu’elles ne purent pas être les unes auprès des autres ; mais, quoique séparées, elles furent néanmoins assez bien placées. Cécile vit avec regret que le premier acte était presque fini ; elle en eut encore davantage, lorsqu’elle s’apperçut qu’elle courait grand risque de ne pas entendre le reste de la pièce. La place que le hasard lui avait procurée, se trouvait voisine d’une banquette occupée par une compagnie de jeunes demoiselles qui, étant entièrement à leur conversation, n’écoutèrent pas une seule note : leurs bons mots et leurs propres saillies les divertissaient au point que leurs ris et leur babil ne permettaient point à ceux qui étaient aux environs d’entendre mieux qu’elles. Cécile voulut vainement essayer de borner son attention aux seuls acteurs : toutes ses tentatives furent inutiles, et n’aboutirent qu’à redoubler son impatience et son mécontentement.