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sa charité, à laquelle les recherches de celui-ci fourniraient sans cesse de nouveaux objets.

La renommée ne manqua pas de publier les libéralités de la bienfaisante héritière ; et ceux qui souhaitaient en être convaincus, cherchèrent à s’assurer de la vérité. Elle eut bientôt un petit nombre de pensionnaires ; et craignant toujours que ses dons ne fussent pas assez considérables, elle ne tarda pas à s’appercevoir que la rente que ses tuteurs lui avaient assignée, était à peine proportionnée à ce que sa générosité et son humanité lui faisaient dépenser. Cependant lorsque sa ferveur eut un peu perdu de sa nouveauté, le plaisir et l’ardeur avec lesquels elle avait commencé à exécuter son dessein, se ralentirent. Pour un cœur formé pour l’amitié et la société, les charmes de la solitude ne sont pas de longue durée, et quoiqu’elle eût été ennuyée du bruit de la confusion, suites inévitables des assemblées nombreuses et constamment répétées, elle commençait à se lasser d’être toujours seule,