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faveur duquel elle disposerait de sa main et de sa fortune, prendrait son nom en l’épousant. Traitée aussi favorablement du côté des richesses, elle l’avait été encore plus par la nature : sa figure était agréable, son cœur noble et bienfaisant ; son abord prévenait en sa faveur, et annonçait beaucoup d’esprit ; la moindre émotion de son ame se peignait sur son visage ; et ses yeux, interprêtes de ses pensées, laissaient voir tour-à-tour son discernement et sa sensibilité.

Le doyen avait confié, pendant le court espace qui devait s’écouler jusqu’à la majorité de son héritière, sa personne et sa fortune à trois tuteurs, s’en rapportant entièrement à son choix, et lui permettant d’habiter chez celui d’entre eux qui lui conviendrait le mieux. Cécile, affligée de la perte de tous ses parents, ne trouvait de véritable consolation que dans la tranquillité de la vie champêtre, et dans les soins maternels d’une amie respectable qui la connaissait depuis son enfance, et que ses années et son expérience lui