Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fait, d’un si bon naturel… Je voyais en lui le soutien et le père de ses cinq sœurs, quand elles n’auraient plus leurs parents ; jamais il ne m’a coûté d’autres larmes que celles que j’ai versées à sa mort. Ici, la pauvre mère s’abandonna à sa douleur ; et Cécile, pénétrée de sa situation, mêla ses larmes aux siennes. Ensuite, par de tendres exhortations, elle s’efforça de la consoler. Souvenez-vous, lui disait-elle, qu’il a quitté un monde où tout est corrompu, pour aller habiter le séjour de la félicité. Elle lui promit ensuite ses sollicitations auprès de M. Harrel, et l’assura qu’elle toucherait bientôt l’argent qui lui était dû. Ô madame ! s’écria cette pauvre femme, vous n’imagineriez pas combien je suis attendrie d’entendre une dame de votre condition me parler avec tant de douceur, tandis que je n’ai éprouvé que des duretés de la part de M. Harrel. Ce que je redoute le plus, madame, c’est que, lorsque j’aurai perdu mon mari, il ne me soit encore plus difficile de lui faire en-