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ouvrage que son mari a fait ; et si elle en impose à cet égard, rien de si facile que de découvrir la fraude.

À ces mots, M. Harrel parut pendant quelques moments assez déconcerté ; mais, s’étant bientôt remis, il dit d’un air aisé : comment a-t-elle fait pour parvenir jusqu’à vous ? Je l’ai trouvée à la porte de la rue. Dites-moi, je vous prie, auriez-vous quelqu’objection contre ce mémoire ? Je ne saurais encore en former aucune ; je n’ai pas eu le temps de l’examiner. Vous savez cependant qui est cette femme, et que son mari a travaillé pour vous ; par conséquent il est vraisemblable que l’argent qu’elle demande est bien légitimement dû. Cela est-il possible, vrai, ou non ? — Oui, oui, j’avoue que je reconnais cette femme ; elle a bien pris soin de me le rappeler. Voilà neuf mois qu’elle ne cesse de me tourmenter.

Cette réponse ferma la bouche à Cécile ; elle avait supposé jusqu’alors, que la vie dissipée de M. Harrel l’avait empêché de s’appercevoir de l’injustice de son procédé ;