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sion que les sons de cet excellent chanteur faisaient sur son âme, elle sentait ce qu’elle ne pouvait expliquer, elle jouissait de ce qu’elle ne pouvait comprendre.

L’opéra qu’on répétait était Artaxerxès. Cécile l’écoutait avec d’autant plus de charme, qu’elle avait lu d’avance les paroles de ce drame intéressant ; et comme le genre simple est toujours le plus agréable, rien ne lui plut davantage que la naïveté avec laquelle Pacchirotti chantait ces touchantes paroles : Sono innocente. Sa voix, toujours tendre et passionnée, les rendait d’un ton de douceur, de persuasion et de sensibilité, qui lui causa une émotion aussi nouvelle que délicieuse.

Mais quoiqu’elle fût peut-être la personne de toute la salle la plus étonnée, elle n’était cependant pas la seule que le plaisir transportât ; et quoique trop occupée elle-même pour faire attention au reste des spectateurs en général, elle ne put s’empêcher de remarquer qu’un